Le feu couvre la maison. Ses langues sortent de la fenêtre de droite et se balancent fièrement en l’air. La maman grimpe le mur et se jette à l’intérieur de la maison par la fenêtre de gauche. Elle prend son bébé qui dormait paisiblement dans son berceau et le met dans une malle en fer qu’elle tire dehors. Elle réussit ainsi à sauver cet unique enfant qu’elle a eu à la cinquantaine. Des années plus tard, ce beau grand Monsieur charismatique et riche a du mal à accepter ce caractère à la face brûlée, à l’ œil droit aveugle, aux deux doigts manquants comme sa mère ! Alors, il la cache ; il a honte de celle qui s’est mise dans le feu pour lui.
L’ANC fatiguée de la non-violence qui ne trouve pas de répondant dans le comportement du système d’apartheid opte pour la violence. Le feu contre le feu rend le paysage politique sud-africain insoutenable pour les uns et pour les autres. Nelson Mandela en paie vingt-sept ans de sa vie dans ‘’Robben Island’’, une prison retranchée, dans une île complétement coupée du monde. Les leaders de l’ANC dont Mbeki-père, Oliver Tambo, Zuma et tant d’autres traversent les frontières sud-africaines pour se trouver une oisis de paix en Zambie, au Zimbabwe…
Le Zaïre de Mobutu, la Zambie de Kenneth Kaunda, le Zimbabwe de Robert Mugabé, la Tanzanie de Mwalimu Nyerere auxquels se joignent certains pays occidentaux prêtent main forte à la lutte de l’ANC. Comme un marteau sur l’enclume, la pression sur le régime d’apartheid l’emporte. Frederick De Clerck privilégie la négociation et obtient la libération de Nelson Mandela.
1994 marque une ère nouvelle pour l’Afrique du Sud lorsque Nelson Mandela est élu à la tête du pays. Une fierté pour toute l’Afrique. Une fierté pour le monde entier. Une fierté pour tous ceux qui s’étaient engagés dans cette lutte. La sagesse de Madiba ne lui vaut pas que le prix Nobel mais aussi attire-t-elle le monde entier en Afrique du Sud. Le pays s’ouvre à une nouvelle expertise pour compenser son élite qui ne couvre pas tous les domaines. Les médecins Congolais et indiens bouchent le trou. Les enseignants camerounais, zambiens et Zimbabwéens, les hommes d’affaires nigérians…comblent la carence.
Madiba parti, le politique sud-Africain cache son échec dans ‘’l’invasion d’autres africains noirs qui prennent le travail des sud-Africains noirs. La chanson se joue sans s’arrêter. Le feu fait son chemin sans extincteur en vue. Les sud-Africains ont honte de ceux qui se sont battus à leurs côtés hier pour leur libération. Ils ont honte de ces pauvres frères qui cherchent la belle vie chez eux. Le feu ne vient plus de l’apartheid ; l’allumette de la haine est dans la main du politique qui peint le ciel sud-africain du sang de l’autre. Caïn verse le sang d’Abel.
Au chapitre manque la voix politique qui dirait aux sud-Africains : ‘’ Instruisez-vous et vendez-vous sur le marché de l’emploi !’’. Une voix qui aurait le même écho que celle de Madiba qui cria aux blancs sud-Africains qui fuyaient le pays après son élection :’’Ne fuyez pas ! Ne vous en allez pas. Ce pays, c‘est aussi le vôtre. Venez et construisons la nouvelle Afrique du Sud ensemble ; la nation Arc-en-ciel !’’.